Giggs, 37 ans et toutes ses jambes
Mercredi face à Schalke, Ryan Giggs devrait jouer son 874e match avec Manchester United, en demi-finale retour de la Ligue des Champions. Le poids des années n'a visiblement pas de prise sur le Gallois, qui n'a jamais semblé aussi fringant.
A Manchester, on parle encore d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Pour le revivre, il faut faire un bond de deux décennies en arrière. Retour vers le passé : le 2 mars 1991, un Gallois endosse la tunique de Manchester United. Ryan Giggs n'est pas encore sorti de l'adolescence. Les Red Devils s'inclinent 2-0 devant Everton. Mais ils viennent de signer un long bail leur nouvelle pépite. Autre siècle, autre époque. Mercredi, face à Schalke, Giggs jouera probablement son 874e match avec MU. A 37 ans, il a encore toutes ses jambes. La presse anglaise l'a érigé en"éternel génie qui défie le temps".
Adepte du yoga, le natif de Cardiff cavale comme à ses plus belles heures. "Il dit que ça le fait courir plus vite, martèlePatrice Evra, le défenseur de Manchester United. Je vais devoir m'inscrire immédiatement..." Le secret de cette longévité est en réalité plus subtil. Il tient avant tout à un professionnalisme sans faille. "Il n'a jamais pris de poids, souligne SirAlex Ferguson. Il prend soin de lui. Il le faut, à 37 ans, pour pouvoir continuer à jouer et cela doit signifier beaucoup de sacrifices." Et ça paie. En quarts de finale de la Ligue des Champions, ses trois passes décisives ont anéanti Chelsea(1-0, 2-0). La semaine dernière, à Gelsenkirchen (2-0), il est devenu le buteur le plus âgé de la compétition. "Il est incroyable, reprend Ferguson. C'est un personnage et un joueur unique. Sa contribution est immense et son sang-froid est vital." Voilà sans doute pourquoi en janvier, Giggs a prolongé son bail jusqu'en 2012.
"Aucun signe de fatigue"
Pour alléger le poids des années, le Gallois a d'abord fait parler sa polyvalence. Ferguson l'aligne tantôt sur l'aile gauche, où ses accélérations sont toujours aussi tranchantes, tantôt dans l'entrejeu, où son abattage fait merveille. En bon gestionnaire de trentenaires qu'il est, Sir Alex sait comment économiser ses vieux briscards. Dimanche, lors de la défaite mancunienne face à Arsenal (0-1), Giggs était au repos. "C'est comme cela que nous devons faire avec lui maintenant, explique l'Ecossais. Quand il est en forme, il ne nous montre aucun signe de fatigue."
Son appétit est toujours aussi dévorant. Avec MU, Giggs a glané vingt-cinq titres. Les supporters mancuniens l'ont récemment élu joueur du siècle, devant Eric Cantona et Georges Best. Et il a effacé des tablettes les records de Bobby Charlton, jusqu'ici le joueur le plus capé des Red Devils. Un tel CV aurait de quoi le rassasier. Il aurait pu perdre la tête. Se mettre sur le devant de la scène. Il garde au contraire les pieds sur terre. Quand David Beckham, l'acolyte de ses débuts, succombe aux strass de la célébrité, lui préfère rester dans l'ombre. A l'abri du tapage médiatique. Plus jeune, Giggs a été marqué par la séparation de sa mère et de son père - un ancien professionnel de rugby à XIII d'origine sierra-léonaise. Le divorce avait été largement relayé par les tabloïds britanniques. La plaie, béante, est restée ouverte. Plutôt que de l'exposer au grand jour, il l'a cicatrisée sur la pelouse d'Old Trafford. Dans la vie de Giggs, le foot a valeur de thérapie. La cure de jouvence lui va si bien.
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